Je viens à peine d’achever le cantique des cannibales, ouvrage dont l’intrigue se passe en pleine campagne électorale au Bénin et hasard du calendrier, les présidentielles au Bénin se tiennent en ce moment. Il est certain qu’elles ne seront pas aussi mouvementées que dans la fiction de Florent Couao Zotti qui réussit à mêler suspense, politique et un brin de romantisme pour en sortir un livre captivant. Il faut dire que le style de l’auteur, dont c’est le premier ouvrage que je lis, est très agréable et soigné hormis quelques tiques de langage qui font que certains mots reviennent souvent (trop souvent à mon goût).
Le cantique des cannibales retrace une partie du destin de Gloh, chef intrépide d’une bande de brigands qui sévissent dans la ville de Cotonou afin de rééquilibrer la répartition des richesses. Gloh est une sorte de Robin des bois au féminin qui ne s’abaisse à commettre des forfaits qu’au nom de la justice sociale et afin de porter secours aux plus pauvres. Si une partie de la population lui est favorable, elle est tout de même recherchée par la police car elle est dangereuse et n’hésite pas à abattre quiconque se dresse sur son chemin.
Gloh est puissante et mène son groupe d’une main de maître jusqu’à ce qu’elle soit trahie par un de ses membres. Arrêtée et emprisonnée, elle pense définitivement croupir en prison jusqu’à ce qu’on lui propose un pacte: s’allier au président sortant en l’aidant à battre campagne en échange de sa liberté. Pour cette femme que tous pensaient invincible, cette proposition est une perche tendue alors qu’elle n’avait plus aucun espoir. Poussée par l’envie de retrouver la liberté et de s’échapper du cachot dans lequel on l’a enfermé elle accepte. Gloh retrouve son amant, un inspecteur de la brigade qui n’est pas resté insensible à son charisme. Et oubliant femmes et enfants, ils décide de la suivre dans sa folle échappée, de partager sa fuite, car Gloh est peut-être un bandit mais elle ne veut pas se faire complice d’une mascarade politique qu’elle exècre, orchestrée par le président sortant Kéré-Kéré. À leurs trousses s’élancent toutes les forces de police du pays et surtout Dokou Azed policier corrompu qui n’a que pour raison d’exister l’arrestation voire la suppression de celle qu’il considère comme une gangrène.
L’auteur dénonce sans détour dans ce livre les hommes politiques versatiles qui s’appuient sur toute mouvance pouvant leur octroyer quelque peu de légitimité : la religion, le marxisme…Il dénonce aussi les présidents qui renouvellent sans cesse leurs mandats au mépris de la démocratie et sont même prêts à s’allier à la pire vermine afin de conserver le pouvoir. Enfin, le personnage central : Gloh semble amener le lecteur à s’interroger sur qui est le réel brigand? Est-ce cette femme qui se bat pour rétablir une certaine égalité sociale en s’affranchissant parfois des règles qu’elles trouvent mal conçues ou ce président et ces hommes qui le servent aveuglément qui n’ont de cesse d’abuser de la population? La question est ouverte!
Très intéressant.
Et cet ouvrage est en vente en librairie à Abidjan svp ?
Merci,
Merci 🙂 Je ne sais pas il faudrait demander à la librairie de France.