Dès les premiers mots le ton est donné. Sont-ce les tournures de phrases qui me font prendre au départ de la distance avec le texte, ou sa façon d’écrire qui me fait redouter un attachement précoce avec l’histoire? Au fur et à mesure je me sens captive, envoûtée par les périples que narre Ramatoulaye. Je me retrouve à Dakar, une ville qui bouillonne et attise mon imagination.
Je la sens différente de celle que je connais, ancienne. Entourée de codes qui me sont aujourd’hui inconnus et que je découvre peu à peu comme un secret. Le récit se place dans un lieu donc qui m’est étranger mais qui me semble progressivement familier grâce à la force des descriptions.
La narratrice se confie à sa meilleure amie par le biais de cette lettre. Je me sens incluse dans cette intimité qu’elle partage avec Aïssatou. Elle parle sans concession comme l’on discute avec une personne en qui on a une confiance aveugle. Et c’est donc des confessions parfois dures que je lis et que j’analyse. En tant que femme je suis naturellement touchée par sa conception de la vie et de la famille. En tant que femme Noire, je me sens concernée par le poids de la tradition dans les choix auxquels nous sommes confrontés au cours de notre existence.
En tant qu’être je suis subjuguée par son recul, sa maturité et la sagesse dont elle fait preuve à chaque épreuve qu’elle rencontre. Sa résignation lorsque son mari, Modou lui impose une co-épouse. Sa force qui la porte et lui permet d’avancer alors qu’il l’abandonne pour rejoindre le foyer qu’il fonde avec sa nouvelle femme qui a l’âge de leur fille Daba. Enfin la fidélité de son cœur qui ne cessera jamais de garder une tendresse infinie pour le père de ses enfants malgré tout.
Ce roman illustre la force que chaque femme possède en elle de ne pas céder face à la détresse. Femme éduquée, ayant fait des études supérieures, travaillant, Ramatoulaye est l’exemple qu’une qui s’assume peut tout traverser. Économiquement indépendante, elle fait face aux factures et aux dettes et réussi a élever dignement sa famille.
Mariama Bâ transmet un message universel, qui souligne le rôle prépondérant que la femme doit avoir dans la société et qui est toujours d’actualité : « La femme ne doit plus être l’accessoire qui orne. L’objet que l’on déplace, la compagne qu’on flatte ou calme avec des promesses. La femme est la racine première, fondamentale de la nation où se greffe tout apport, d’où part toute floraison. Il faut inciter la femme à s’intéresser davantage au sort de son pays».
La douceur et les belles figures de style que tu utilses pour donner ton avis sur une si longue lettre de Mariama Bâ , donne à ta critique un air de lettre.C’est très professionnel d’être dans l’esprit de la personne dont on veut commenter l’usage des lettres. L’utilisation de mots qui s’opposent à l’interieur des phrases ,ressemblent au choc des émotions qui se pose à l’interieur du coeur quand l’amour est à sa première phase. Là où tu parles de « distance » tu parleras « d’attachement précoce ». Quand tu écris « recul » plus loin on verra « rencontre ». Avant de dire « qu’il l’abandonne » tu nous préviendra que « Sa force … la porte « . J’apprecie vraiment l’intelligence de ta plume,elle est aussi belle qu’un paon.J’aime beaucoup la douceur de ta critique qui a un air de caresse elle est aussi belle qu’un faon.