Robert Bilanga est un fonctionnaire véreux et ambitieux qui aime l’argent, la fête et les femmes. Dans la ville d’Eborzel, où chacun cherche à se faire une place, au lendemain des indépendances, la corruption et la prostitution vont bon train. Et c’est en suivant cet homme qui représente l’archétype de la veulerie, que l’on plonge dans une société où seul l’argent et l’ascension sociale comptent. Robert Bilanga collectionne les maîtresses pour son plaisir, mais aussi avec l’espoir que certaines d’entre elles, maîtresses d’hommes politiques de grande envergure, lui ouvrent des portes. Eborzel est un microcosme où les liens se font et se défont selon les intérêts immédiats et sans se préoccuper des conséquences. Une machine dans laquelle ceux qui ne sont pas aguerris, finissent broyés, comme Arlette, jeune institutrice ayant accepté à tort les avances de Robert Bilanga.
Dans cette œuvre, on rencontre des personnages forts qui souhaitent que les choses changent. Roger, le fils de Robert Bilanga et Marie, incarnent la contestation contre un système corrompu qui spolie la population. Mais, les plus faibles et notamment les femmes sont obligées de se soumettre au risque de mal finir. L’empathie et la considération ne sont que de vains mots dans une ville où l’humain ne compte pas. La soumission est une question de survie, notamment quand il est difficile de trouver un emploi permettant de gagner dignement sa vie. Au plus haut de l’échelle, les pots-de-vin ont remplacé la morale et les fraudes découvertes sont réparées en versant des sommes importantes qui ruissellent des directeurs aux inspecteurs en passant par les administrateurs avant de finir sous la forme d’une enveloppe dans la main d’une fille de joie.
Ce roman, pourtant publié en 1981, nous donne à lire des scènes qui se passent encore de nos jours et que quiconque à déjà vécu en Afrique peut reconnaître. Le problème d’accès aux soins, le manque de matériel et de médicaments dans les hôpitaux, la qualité de l’enseignement, les détournements de fonds publics, la gabegie… Cet ouvrage dénonce avec simplicité et lucidité les travers de bon nombre de sociétés qui se sont réjouies d’accéder à l’indépendance mais qui se trouvent encore soumises et peinent à accéder à une autonomie pleine et entière. Il indexe ces sociétés où la censure existe encore et où le peuple las des beaux discours politiques veut simplement sortir de sa condition misérable.
Bernard Nanga n’épargne personne. Dans cet ouvrage très complet dans sa description et sans concessions, j’ai retrouvé une liberté de parole qui amène le lecteur à voir les choses en face et à se poser des questions pertinentes sur ce qui se passe dans nos sociétés respectives.
Une réflexion sur “Les chauves-souris, Bernard Nanga”
Les chauves-souris est un roman de chevet pour tout africain. Ce roman à qualité élevée, a une richesse pluridisciplinaire. Les thèmes qu’il aborde sont marquant.
Les chauves-souris est un roman de chevet pour tout africain. Ce roman à qualité élevée, a une richesse pluridisciplinaire. Les thèmes qu’il aborde sont marquant.