Je venais de finir d’établir le calendrier des rencontres littéraires les Mo’ 2018 quand j’ai appris une nouvelle tragique, qui a totalement choquée le pays. Le corps d’un enfant venait d’être découvert. Son assassin a, sans ciller, mené les enquêteurs sur les lieux où il a égorgé cet enfant avant de l’enterrer soigneusement. En dehors de l’horreur de son geste, l’absurdité des raisons qui ont poussé cet individu à ôter la vie d’un enfant m’a choquée. Et puis, j’ai pensé à tous faits divers qui nous bouleversent quand on en entend parler et qui après filent de notre mémoire vers l’oubli.
On ne peut pas se nourrir du malheur. Il nous faut toujours tourner notre regard vers la lumière, garder l’espoir et avancer. Alors on laisse couler quelques larmes amères et s’élever vers le ciel de sincères prières pour un monde meilleur.
Le 1er thème que j’avais programmé est un focus sur le génocide rwandais. De nombreux ouvrages s’y consacrent et je venais de terminer Petit pays de Gaël Faye. Un ouvrage plein de lumière et qui fait sourire même quand l’insouciance de l’enfance est anéantie par un drame sans précédent.
J’ai donc décidé d’animer une rencontre plus légère. Qui tiendrait en haleine les participants. Le sujet serait forcément intéressant, mais j’avais envie d’ne rencontre plus interactive et surtout plus ludique.
Le polar africain est un genre qui attire peu de lecteurs parce qu’il est mal connu. Et pourtant, le continent Noir, compte depuis les années 1970 des auteurs qui se sont laissés tenter et ont offert au public des ouvrages qui vous tiennent en haleine.
En 1985, l’écrivain Malien Modibo Sounkalo Keita, a remporté le grand prix littéraire d’Afrique Noire ainsi que le Grand prix du syndicat des journalistes et écrivains français avec son livre L’archer Bassari.
Les romans policiers africains francophones ont en commun pour beaucoup d’entre eux d’explorer les réalités socio-économiques et politiques des sociétés dans lesquelles l’histoire se situe.
Les auteurs semblent parfois prendre le prétexte de la fiction pour dénoncer des dérives et alerter l’opinion. Ainsi Coauo-Zotti dans son ouvrage la traque de la musaraigne dénonce un régime dictatorial qui oppresse les citoyens. Abasse Ndione, quant à lui, aborde dans la vie en spirale le trafique de drogue et sa consommation au Sénégal.
L’Afro polar se présente souvent comme un miroir à travers lequel la vie en Afrique se reflète.
De plus en plus d’auteurs s’essayent avec brio au polar. Si Moussa Konaté et Asse Guèye sont considérés par certains critiques comme des maitres de l’Afro polar, des auteurs plus récents tels que Sami Tchak, Aïda Mady Diallo ou encore Alain Mabanckou réussissent à nous tenir véritablement en haleine.
L’afro polar a d’ailleurs de beaux jours devant lui en Afrique à en juger par l’intérêt croissant qu’il génère.
En 2000, le Sénégal a organisé le premier festival consacré au polar « Polar à Dakar ». Et en 2004, le festival « lire en fête au Mali » s’est consacré au roman policier.
J’espère qu’un jour à Abidjan, nous aurons nous aussi un festival consacré au Polar. L’Afro polar est un genre qui ne peut que séduire le grand public.
En seconde partie de la rencontre nous avons fait une murder party basée une nouvelle très haletante de l’auteur antillaise Nadi Cade : le jour se lève à nouveau. Vous dire que les participants ont adoré est un euphémisme. Ça a été un formidable !
Qu’est-ce qu’une murder party Essie ? Découvrez tout dans cet article : ici