Cannibale, Didier Daeninckx

Affiche-de-lExposition-Coloniale-de-Paris-1931-Auteur-Jean-de-la-MézièreEn 1931, l’exposition coloniale internationale de Vincennes ouvre ses portes. En six mois, 33 490 000 visiteurs viendront  découvrir entre des décors exotiques et des animaux sauvages, des hommes, des femmes et des enfants à moitié nus présentés dans un enclos sensé représenter leur habitat naturel.

L’Europe est fière de ce qui est présenté comme un bienfait pour les indigènes : la colonisation. Aussi, les attractions ethnographiques sont l’occasion de montrer ces sauvages bienheureux.  

Ce qu’on appelle de nos jours « zoo humain » n’est pas une attraction nouvelle. Déjà en 1877, des hommes et des femmes étaient présentés derrière des barrières dans un décor exotique. Mais ces attractions se feront rares et disparaitront peu avant 1914. 

 

expo_clermont

 

CannibaleL’histoire de Didier Daeninck se déroule dans ce contexte et se fonde sur un évènement qui a marqué l’histoire de la Nouvelle-Calédonie. En effet, en 1931 cent onze Kanacks vont être présentés à l’exposition coloniale comme étant de dangereux cannibales. Ils seront obligés de vivre dans des huttes, agir avec bestialité et manger de la viande crue pour camper le rôle de violents anthropophages qui leur a été affublé.

C’est à travers le regard de Gocéné que nous découvrons cette aventure. Et que nous apprenons comment lui et tout un groupe de Kanacks ont quitté la Nouvelle-Calédonie pour présenter la culture ancestrale de l’Océanie en ignorant qu’ils finiraient dans une cage, rabaissés et humiliés.

Le récit est corrosif, mais il raconte surtout une histoire que peu connaissent et  appelle  à une prise de conscience des erreurs passées.

Alors que Gocéné est arrêté à un barrage par des jeunes qui lui demandent ce qu’il faisait avec un « blanc », Caroz, celui-ci décide de leur raconter comment ce dernier lui a sauvé la vie à Paris.  Car non, tous les blancs ne sont pas mauvais.

Si la perte de dignité a été douloureuse pour tous ces kanaks transformés en bête de foire pendant l’exposition, le drame qui conduit Gocéné a se rebeller se produit lorsque la femme de sa vie, Minoé, est échangée, avec d’autres calédoniens, contre des crocodiles. La déshumanisation  est à son paroxysme.

Minoé et les autres sont emmenés en Allemagne pour rejoindre un cirque dont ils seront la nouvelle attraction.

Frappé pour s’être opposé à leur départ, Gocéné va s’enfuir et arpenter une ville qui lui est inconnue, braver tous les obstacles pour essayer de la retrouver. Aidé par Badimoin, son meilleur ami, ils ne pourront échapper longtemps à la police lancée à leurs trousses.

Badimoin finira abattu en essayant d’échapper à la police. Tandis que Gocéné sera encerclé mais grâce à l’intervention d’un homme dont il ignore tout, Caroz, aura la vie saine et sauve mais sera arrêté et mis en détention…

C’est un livre qui émeut. Court, d’une centaine de pages, il tient en haleine grâce à une intrigue bien menée mais surtout la force des descriptions qui sont poignantes. 

Exposition coloniale dez paris, 1931

 


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