Des mineures qui se prostituent encouragées par leurs parents qui campent le rôle de proxénètes, tout ça sous le regard d’un policier véreux qui feint de verbaliser afin qu’on le soudoie. C’est dans ce monde qu’évolue John Koutoukou qui, contrairement à ce que son nom pourrait laisser croire, est totalement lucide et conscient de la décadence de la société. Impuissant, il cherche cependant à conseiller son entourage même si celui-ci le raille et n’hésite pas à en venir aux mains pour le faire taire.
Le thème central de cette bande dessinée est l’insouciance de la jeunesse et de certains parents fassent au Sida. Menace pourtant très présente en Côte d’Ivoire puisque ce pays est l’un des plus touchés par le virus en Afrique de l’Ouest.
Entre ceux qui se fichent d’être séropositifs, ceux qui ignorent même ce qu’est cette maladie et enfin ceux qui ne voient en ce terme qu’une manipulation pour les empêcher de profiter charnellement de la vie, se crée un foyer propice à la pandémie.
Benjamin Kouadio a choisi le ton de l’humour pour faire passer un message qui lui est cher, pour faire de la prévention. Le sida est toujours présent malgré les avancées médicales et les seuls moyens de se protéger sont l’usage de préservatifs, l’abstinence, le dépistage et la fidélité car on ne sait jamais le statut sérologique de son partenaire. Entre un mari volage qui a en horreur les préservatifs et une prostituée d’à peine 14 ans dans une quête vengeresse de faire payer sa séropositivité en contaminant le plus grand nombre de personnes, le virus se propage à vitesse grand V, atteignant un large panel.
C’est un ouvrage que je conseille -même si parfois on tombe un peu dans les clichés- car l’auteur évite le mélodrame et le ton moralisateur et conserve toute l’attention du lecteur grâce à l’humour.