Cueillez-moi jolis messieurs , Bessora

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Claire est professeur de lettres dans un lycée de banlieue. Mère divorcée, elle mène une existence amère après que son époux, Tijani, l’ai quittée pour une infirmière. Il est son premier amour, sa première histoire charnelle consentie, après que son père ai maintes fois goûté aux délices de son corps dans le silence coupable d’un douloureux secret de famille qu’elle partageait avec lui mais aussi avec sa mère.

Claire a été une femme réservée, outre son époux, elle n’a connu aucun autre homme, aussi lorsque son médecin de famille, celui qui l’a vue grandir lui annonce qu’elle a le VIH elle tombe des nues. Pire c’est un choc qui chamboule tout dans sa vie. Elle a troqué une paire de seins immenses, remodelés par les doigts de fées de Benoit, chirurgien esthétique qui fut aussi son amant occasionnel contre cette maladie. Entre déni et culpabilité elle devient aigrie. D’autant que son aigreur est exacerbée par la présence de Juliette une mère de famille veuve qu’elle héberge chez elle.

Juliette est malade elle est aussi. Du moins elle le prétend, et son attitude agace Claire. Tout en elle l’irrite et lui déplait et pourtant elle semble tenir à elle. Leur colocation est vouée à l’échec, elles ne s’entendent pas. Elles sont aux antipodes. Claire hait cette nonchalance et cette insouciance qui caractérise Juliette tandis que celle-ci exècre l’attitude trop carrée de son hôte. Claire semble par moments vouloir mourir, d’autres se battre, d’autres survivre en oubliant cette maladie qui la ronge.

Juliette, elle veut tout simplement vivre, quitter l’appartement javelisé de Claire qui ne cesse de le briquer pour en éloigner la maladie. Cette maladie qui vit en elle. Cette maladie qu’elle tait par honte, qu’elle cache à ses amants dont elle ne cesse de multiplier le nombre, au risque de les contaminer quand elle provoque ou cède à leurs avances en oubliant de faire attention. Ce livre dresse donc deux combats. Celui de Juliette, une femme un peu bohème et alcoolique qui s’invente des personnages et ruse afin d’essayer de s’en sortir et ne plus vivre aux crochets de Claire.

Mais la misère semble un cercle vicieux dont on sort difficilement. Celui de Claire séropositive, qui ne trouve plus de saveur dans la vie depuis qu’elle se sait contaminer. Une lutte qui se devine entre deux femmes qui luttent pour une existence dont elles n’ont pas la même conception.

Je n’ai pas pour habitude d’aborder l’histoire des ouvrages que je lis d’un point de vue subjectif. Peut-être parce qu’on m’a trop souvent répété que la critique est une chose bien trop facile quand à l’art qui demande à son auteur davantage de larmes et de sueur. Mais il vrai que puisqu’il s’agit de mon blog, il serait intéressant que je fasse un compte-rendu de mes lectures de façon plus personnel. Ceci explique donc la création de cette nouvelle rubrique où je mets en avant mes coups de coeur. Et ce livre de Bessora en est un.

J’aurai peut-être connu ce livre de façon plus tardive, mais la participation à une rencontre littéraire animée par Joss Dozen a mit cet ouvrage sur mon chemin. ET je dois avouer que j’ai aimé lire ce livre. Autant l’histoire que le style de l’auteur m’ont fait de l’effet. J’aime la manière dont Bessora amène le lecteur à s’impliquer, à se mettre à la place des différents personnages, ce qui a eu pour effet pour moi de décupler mon émotion et mon ressenti.

Je partage avec vous un des nombreux extraits que je n’ai pu m’empêcher de souligner au crayon et qui témoigne bien de son style:

Ce matin-là, les astres sont retirés dans leurs appartements. Vous êtes assise sur un tabouret dans le hall d’entrée. La mère de Tijani vous parle au téléphone. Vous ne l’écoutez pas, bien qu’elle vous appelle de Casablanca. Un long miroir accroché à la paroi vous renvoi le reflet d’une paire de jambes. De jolies jambes. Vos jambes. Vos jambes vous hypnotisent.  

Vos jambes vous parlent. Nous ne voulons plus de ses lèvres tièdes. Nous rêvons des hommes que tu n’as pas connus. Vos jambes veulent divorcer. Elles divorcent. Sans vos jambes vous n’auriez jamais osé.


2 réflexions sur “Cueillez-moi jolis messieurs , Bessora

    1. Bonjour, j’ai beaucoup aimé ce livre surtout le style de l’auteur qui est direct et amène le lecteur à se mettre dans la peau des personnages. J’aime aussi la poésie de certaines phrases même si je trouve parfois ses phrases trop longues ce qui souvent me déroute un peu. C’est un coup de coeur assurément 🙂

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