Flore Hazoumé est le fruit d’un métissage ethnique et culturel. Et c’est certainement ce qui fait la richesse de son écriture. La spontanéité du récit mais aussi sa sincérité tout au long de l’histoire entraine, implique, possède le lecteur.
Chaque mot de l’œuvre, tissée avec amour et franchise nous fait partager le quotidien poignant d’une famille qui doit faire face à un déchirement. Ce pourrait être le récit d’une descente aux enfers, mais au lieu de ça c’est une fabuleuse aventure qui illustre la persévérance et la bravoure.
Un pays mis à feu et à sang. Un père, politicien en exil en France fuyant la menace pesant sur tout opposant dans un contexte de renversement politique. Une mère analphabète, sans emploi qui se bat quotidiennement pour élever ses enfants dans la dignité malgré les rumeurs et les accusations d’une population manipulée qui déverse sa haine sur des « ennemis » tout désignés. La vie d’une mère est faite de sacrifices et d’abnégation, du don de soi qui n’apparaît pas comme une contrainte mais comme une évidence. Et l’héroïne ne cessera de se battre au quotidien pour faire vivre sa famille. La ligne directrice de ce livre est le courage. La force d’une femme qui refuse de se laisser submerger par les doutes et l’incertitude quant à son avenir.
Mise en résidence surveillée, elle se montre patiente. Elle compte sur son mari pour faire jouer d’anciennes relations qui permettront à leur famille d’être réunis à nouveau. Quitter son pays natal pour rejoindre une terre inconnue est un acte qui s’assimile à un sacrifice pour elle, mais pour le bien de sa famille, elle y consent. Le cœur est lourd, la poitrine gonflée d’angoisses. Des milliers de questions se bousculent dans sa tête, elle hésite, se persuade, doute et se rassure enfin. Les jours passent et l’inquiétude est un supplice qui ne cesse de s’accroître. Et pourtant, l’attente est fructueuse et les retrouvailles sont heureuses, bien qu’un membre de la famille n’ait pu venir en France.
Leur vie dans un minuscule appartement situé dans une banlieue parisienne est bien différente de celle d’avant. Le faste, le luxe et la légèreté ne sont que de vagues souvenirs pour eux. Le quotidien est difficile, l’adaptation peu aisée. Chacun essaie de se fondre dans une société dont ils apprivoisent les codes. Si la famille a réussi à rejoindre le père en France, celui-ci est très souvent absent. Il ne cesse de chercher une solution à cette situation inconfortable dans laquelle ils sont. Inévitablement une certaine distance se creuse mais la solidarité et l’amour ne cesseront de combler le vide de leurs existences.