Mulâtresse Solitude, André Schwartz Bart

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Mulâtresse solitude est un roman en deux parties d’André Schwarz-Bart, paru en 1972. Il se déroule entre 1760 et 1802 et s’inspire de la vie de la mulâtresse Solitude une figure historique de la résistance des esclaves noirs de la Guadeloupe qui connu un destin tragique, elle fut pendue à l’âge de 30 ans, juste après avoir donné naissance à son enfant.

Ce livre, à sa sortie a été accueilli avec beaucoup de scepticisme du fait que son auteur était blanc, juif, originaire de l’hexagone et qu’on lui reprochait de ne rien connaitre aux Antilles, bien qu’il ait écrit ce livre avec l’aide son épouse Simone Schwartz Bart. C’est un livre poignant, où la résistance est le maitre mot.

 La première partie, calme, nous montre une société régie par des codes animistes où les choses s’arrangent et s’équilibrent en ayant recours aux puissances de l’au-delà qui règlent le quotidien. Une vie paisible et douce bercée par la chaleur d’un pays qui est ancré dans la tradition. Bayangumay, du prénom hérité de sa grand-mère, est une petite fille au caractère fort qui marque ses appréhensions et son trouble face à un mariage qu’on lui destine avec un homme bien plus vieux qu’elle, en fuguant avec celui que son cœur aime. Une fuite qui ne durera pas longtemps mais qui se manifeste comme un temps suspendu où le rêve est permis et pendant lequel le poids des obligations que les génies lui imputent n’écrasent pas ses préoccupations puériles en lui attribuant une vie de femme et d’épouse pour laquelle elle n’est pas prête. 

Une vie simple, à laquelle elle se soumet malgré tout mais qui qui va brutalement voler en éclat quand des hommes blancs armés viendront mettre le village à feu et à sang avant de réduire en esclavage les survivants. 

Horrifiés et hébétés, les habitants enchaînés vont suivre un convoi à pied pour se rendre à Gorée où ils s’apercevront qu’ils ne sont pas les seules victimes de ce malheur. À leurs côtés, dans les antres sombres, sales et humides où on les laisse macérer dans leurs excréments, survivent aussi des peuples d’autres régions dont le destin est subitement lié au leur. 

C’est un livre sur la résistance. La rébellion manifeste ou dissimulée est palpable à chaque page. Comme cet homme qui refuse de monter dans le négrier et s’accroche à un marin avant de se jeter à la mer avec lui. Comme ces hommes au fond de la cale qui chantent comme pour nier le macabre de la situation. Pour se dresser contre la mort qui est là derrière leur dos. 

            Mais le destin est inéluctable et ils sont tous emportés vers des côtes inconnues, où toute humanité leur sera niée.

Le bateau a prit de nombreuses vies, mais hélas il en donne aussi. Et la seconde partie s’ouvre sur l’enfantement de Bayangumay qui donne naissance à une fille, Rosalie, fruit de son viol par un marin alors qu’elle était sur le négrier. Man Bobette, comme on l’appelle dans la plantation ne rêve que de retourner chez elle tandis que cet enfant aux yeux vairons et à la peau trop claire s’accroche à son sein et refuse la séparation. L’instinct maternel est mis à  mal par l’horreur de sa condition d’esclave qu’elle ne supporte pas. Décidée à s’enfuir, Man Bobette abandonne sa fille âgée de quatre ans pour aller rejoindre des « marrons », des esclaves qui ont formé un groupe de résistance à l’esclavage et qui sont allés se réfugier dans les collines.

Deux âmes, comme on l’appelait du fait de ses deux yeux de couleurs différentes, se comporte pourtant comme si elle n’en avait pas. C’est une personne effacée et taciturne qui semble ne ressentir aucune émotion. Seule l’absence de sa mère semble l’ébranler quand elle regarde au loin les collines. Elle se surnomme elle-même Solitude, prénom qui correspond à son caractère muet et mélancolique. Pour beaucoup, deux âmes est un zombie car elle accomplit chaque tâche machinalement sans y penser. Est passive et se contente de suivre les autres.

Alors que l’esclavage est aboli, des troubles éclatent et en suivant des personnes qui se dirigent vers les collines, Solitude rencontre des marrons. Alors qu’elle avait toujours mit le rejet de sa mère envers elle sur le compte de sa peau trop claire, elle se sent enfin acceptée. Une mulâtresse parmi les nègres, unis par le même sort. Elle se sent acceptée, elle qui n’a jamais compris pourquoi elle était considérée comme différente des autres esclaves. Et elle n’hésite pas à prendre les armes pour défendre son groupe tandis qu’il a été voté le rétablissement de l’esclavage.

Elle est alors enceinte, mais prend quand même les armes. Sa vie a soudain un intérêt qu’elle souhaite défendre, elle ne se voit pas à nouveau dénier le droit de vivre librement. Solitude sera pourtant arrêtée et emprisonnée jusqu’à ce qu’elle accouche. Comme de nombreux nègres qui ont opposé résistance et se sont battus elle sera pendue, le lendemain de sa délivrance.

 

 


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